Journal d’apiculture

le miel de paysage

de Livron

Le 8 mai : je déplace deux ruches de Die au Haut Livron, où se trouve le château d’eau. À Livron, Antoine Picard m’aide à sortir les ruches de la voiture. L’emplacement est sous des arbres à l’écart des habitations, il me semble que c’est un endroit idéal.

Le vieux village de Livron est appelé le Haut Livron car il se situe sur le flanc nord-est d’une colline. Autour des ruches, se trouvent à la fois des résidences et des zones sauvages et à gauche le vieux village. D’ici on surplombe la vallée du Rhône d’où l’on voit l’Ardèche en face, qui ferme l’horizon. En bas s’étale le Livron plus récent, avec la nationale 7 qui traverse le bourg en logeant la colline puis s’étendent des zones résidentielles et des immeubles ça et là. Ensuite, en traversant la voie ferrée et l’A7 on trouve une vaste zone cultivée de fruitier et de champs de céréales.

Les ruches déplacées portent les n°21 et n°7. L’essaim n°21 a une reine de l’année 2013 alors que la n°7 a une reine de 2012.

1er semaine de résidence, du 26 au 30 mai :

Je constate dans une visite de ruche que l’essaim n°7 est bien plus populeux que le n°21. Ceci est paradoxale car la 7 est une reine d’un an plus âgé que la 21. Les abeilles de la n°7 commencent à stocker du miel dans la hausse.

_IGP5708

2ème semaine de résidence, du 2 au 6 juin :

Les tilleuls sont en fleur, il est bon de s’y mettre dessous et de humer cette douce odeur tout en écoutant le vrombissement des abeilles. Il a plu la semaine dernière, il fait chaud maintenant, les conditions sont idéales pour une miellée, c’est-à-dire pour qu’il y ait du nectar en quantité dans les fleurs. En plus des tilleuls, il y a de nombreuses fleurs des jardins qui éclosent.

Je tente une expérience : j’ai placé des ampoules leds dans un cadre de hausse (vide de miel bien sûr), dans l’idée que les abeilles reforment les parties des rayons que j’ai enlevé pour placer les leds mais aussi qu’elles remplissent de miel la hausse. Ceci, dans le but de réaliser une installation lumineuse dans l’exposition finale au mois d’octobre. Je place ce cadre dans l’essaim n°7, puisque c’est lui qui est le plus dynamique pour l’heure, sa hausse est bientôt pleine.

En revanche, il ne se passe toujours rien dans l’autre ruche, ou du moins pas de miel stocké dans la hausse. J’inspecte le corps (partie principale de la ruche, là où se trouve le couvain, donc œufs et larves, la reine, les ouvrière et les réserves directes pour nourrir tout ce monde, miel et pollen). Les abeilles sont agressives, je dois faire vite. Je constate qu’il y a beaucoup de miel stocké sur plusieurs cadres avec peu de couvain. Situation anormale à cette époque de l’année. Il devrait y avoir de larges zones de ponte et donc de couvain et les zones de stockage de nourritures devraient être en périphérie du corps (sur les haut des cadres, sur les deux cadres aux extrémités de la ruches et bien sûr dans les cadres de la hausse que l’apiculteur rajoute pour cela justement).

Dans mon inspection, je ne vois pas la reine. Comme je ne la marque pas (application d’une touche de couleur sur son corps), il est plus difficile de la repérer. Aussi, je dois opérer avec rapidité et je ne soulève pas tous les cadres. J’en conclus que la reine est peut-être morte, mais en même temps je ne vois pas de cellule royale, signe de sa disparition ou d’essaimage (les ouvrières ont la capacité d’élever une nouvelle reine en cas d’accident).

Je décide de laisser passer quelques jours et voir si de la ponte apparaît. Mais je pense d’ores et déjà à faire venir une nouvelle ruche.

3ème semaine de résidence, du 9 au 13 juin :

Lundi 9 juin :  je vais faire une visite pour voir ce qui se passe dans la 21. Il fait chaud et lourd. Dès que j’ouvre la ruche, les abeilles sont tout de suite nerveuses et beaucoup s’échappent pour piquer. Il ne sera pas possible que j’inspecte tous les cadres aujourd’hui. Comme aucune réserve ne se stocke dans la hausse, je décide d’aller chercher un autre essaim à Die le soir même.

Je fais donc un aller-retour et je prends la ruche n°5 qui a une reine de 2012, comme la n°7.

Mardi 10 juin : le temps est moins lourd que hier et je vais tenter de visiter cette ruche 21 qui me pose tant de soucis ! Il est 13h00 lorsque j’ouvre le toit de la ruche, les abeilles sont agitées mais pas agressives. Elles tiennent peu au cadre, rapidement il y a de nombreuses abeilles qui voudraient me chasser d’ici mais la situation est supportable. Je lève délicatement chaque cadre essayant de ne faire aucun choc, ce qui les affolerait tout de suite. En commençant la visite du bord opposé de la dernière fois et en regardant donc des cadres que je n’avait pas inspecté, je m’aperçois qu’il y a de la ponte. Il y a donc une reine, mais elle est beaucoup moins dynamique que sa voisine. Que faire dans de pareil cas ? Avoir un essaim avec une reine qui pond peu est un danger pour sa propre survie. La conséquence est que la population de la ruche est trop faible pour stocker du miel dans les hausses.

En revanche, la situation est très différente dans la n°7, je rajoute une deuxième hausse car la première est bientôt pleine, preuve qu’il y a bien du nectar dans les fleurs alentours.

Je prends la décision d’attendre quelques jours encore, mais il se pourrait que je réunisse les deux essaims de la 21 et de la 5 que j’ai ramené afin de créer un essaim assez populeux pour être en capacité de ramené de miel en quantité.

Dans les différentes ballades que j’ai effectué dans l’aire de butinage, et notamment dans le bas Livron, qui est beaucoup résidentielles, j’ai pu observé de nombreux jardins, bien entretenus, avec une diversité florale très intéressante. Aussi, en dépit du peu de pluie qu’il tombe actuellement, ces jardins sont régulièrement arrosés et donc sont certainement riches en provisions mellifères (nectar, pollen). Il sera intéressant d’observer jusqu’à quelle période de l’été les abeilles font toujours des provisions. En général, dans cette région de plaine, le potentiel mellifère baisse considérablement après la miellé de lavande et de lavandin, et donc les abeilles vivent sur leur réserve dès la mi-juillet.. Mais peut-être qu’à Livron avec toutes fleurs de jardin en présence, il y aura du potentiel plus tardivement.

Jeudi 12 juin : Le temps est lourd avec peu de vent. Les essaims 21 et 5 évoluent guère, je décide de les réunir pour faire un essaim fort. J’ai un soucis, la résidence se terminant demain, vendredi 13, je n’aurai certainement pas le temps de le faire, je ferai cette opération le samedi matin.

Samedi 14 juin : Je me rends aux ruches vers 11h30, il fait plus frais mais il y beaucoup de vent. L’opération de réunir deux essaims consiste à mettre une ruche sur l’autre avec une feuille de papier journal entre les deux. Au début, les essaims sont séparés par la feuille de journal. Petit à petit, les abeilles déchirent le papier et font progressivement connaissance avec leur voisine du haut et du bas. En revanche, il y a une reine dans chaque ruche. Il s’ensuivra un combat entre elles que la théorie de l’évolution de Darwin nous assure que ce sera la plus forte qui gagnera. J’ose l’espérer.

Bien que j’ai bien préparé cette opération, j’ai eu un oubli dans le protocole, je n’ai pas fermé la ruche que j’allais mettre au dessus, en l’occurrence la n°5. Par conséquent, lorsque je l’ai déplacé pour la positionner derrière la 21, de nombreuse abeilles de la 5 sont sortis très agressives. L’alerte était lancée, étant seul pour opérer, tout devient compliqué et lourd. Devant le nuage d’abeilles agressives et désorientées, je dois renoncer, je remets cette ruche à sa place initiale et décide d’une autre tentative de réunion plus tard.

00_IGP6027

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *